Préambule
Dans les Palais de justice se déroulent des duels aux enjeux financiers importants, c’est pourquoi on ne peut y tolérer des néophytes.
D’autant plus que les lois n’obéissent pas au bon sens (comme dans les pays anglo saxons) ou à la moralité que l’on vous a enseignée à l’école, mais plutôt au jeu des magouilles (certains appellent cela du lobbying).
Ce qui prime c’est l’intérêt de quelques-un(e)s en contradiction avec le dernier alinéa de l’article 2 de la constitution : Gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple !
Donc votre avocat doit connaître le droit.
Pour vous mettre en garde si votre conception des choses n’est pas celle de la loi en vigueur. Mais encore faut il qu’il sache la faire respecter par votre adversaire et aussi séduire» le tribunal ! et cela à l’écrit, comme à l’oral .
Sinon, les faveurs du tribunal iront à votre adversaire qui aura su mieux le séduire ou le convaincre. Tout en vous ayant fait des croche pieds et autres tricheries durant la procédure.
Mais comment faire pour que votre avocat qui est votre représentant interprète dans les contrées étranges de la justice, soit rentable et ne vous mène pas vers une perte financière ?
Le choix de l’avocat
Comme pour une paire de chaussures, c’est en fonction de la difficulté du parcours à faire. Donc, si vos ressources ne dépassent pas 4000 euros /mois, évitez d’aller choisir la Rolls ou le plus luxueux, ou celui qui est le plus connu dans les beaux quartiers.
C’est comme en médecine : le spécialiste est beaucoup plus cher que le généraliste et il ne sera pas plus efficace pour soigner les cas ordinaires. D’autant que dans la justice du divorce, c’est prendre des finances à l’un des conjoints pour les attribuer à l’autre !
Donc, si vous affichez vos moyens financiers en ayant un avocat luxueux alors que votre cas est ordinaire, ne vous étonnez pas que le juge pense que vous en avez suffisamment sur le plan financier et ce n’est pas l’avocat « luxueux » qui va l’impressionner.
Au contraire, les juges sont des fonctionnaires ! qui ont souvent un niveau d’études supérieur à l’avocat, mais qui n’avaient pas des parents pour leur payer l’école de formation des avocats, et qui ont dû subir le concours de la magistrature.D’où des répulsions magistrats / avocats. Inversement un avocat trop bas de gamme vous fera perdre des finances par ses incompétences et inexpériences car l’adversaire va lui tendre des chausse trappes, inévitablement !
Que doit faire un avocat sérieux ?
Son emploi du temps comporte trois piliers :
1) les clients,
2) les tribunaux,
3) la gestion financière du cabinet
Avec les clients, c’est : le courrier, les rendez vous, les conclusions à rédiger, la présence lors des expertises, la gestion des plannings, le téléphone, passage dans les prisons, etc…
Avec les tribunaux, c’est se déplacer : pour plaider aux audiences, présence lors des mises en état, aller aux différents greffes pour déposer les courriers et documents adressés aux juges concernés, prendre le courrier que vous adressent les dits juges, idem à l’Ordre pour le courrier inter avocats, etc.
Avec la gestion financière qui est de 20 % du temps, à établir les factures, surveiller les encaissements, les formalités pour les « aide judiciaire », tenir à jour la comptabilité fiscale, payer les factures qui sont nombreuses car, comme les PME, c’est aussi un collecteur de taxes à reverser. Chaque organisme a sa propre adresse, à quand un guichet unique pour les versements ?. Effectuer les déclarations mensuelles, bimensuelles, trimestrielles, etc. Et aussi se perfectionner dans le cadre de la formation continue selon la parution des nouvelles lois, etc.
Comme 85 % des cabinets n’ont qu’un seul avocat. En association, c’est comme en couple, les risques financiers sont grands quand il y a mésentente. Et que le client souhaite, et c’est normal, que ce soit lui et pas un autre qui le défende lors des audiences.
Que les 5 Justices : Civile, Pénale, Commerce, Prud’hommes, Administrative et à l’intérieur de celles ci chaque chambre spécialisée, ne s’occupent pas des autres.
C’est un peu comme si dans un lycée collège on ne tenait pas compte du planning des professeurs et ceux ci de l’emploi du temps des élèves, ni des occupations de salles, etc. Ainsi il est courant que l’avocat doive être à deux audiences en même temps, car ne sachant pas vers quelle heure approximative doit être plaidée leur affaire, les avocats sont convoqués par fournées à 9 h ou 13 h 30, ne sachant pas s’ils vont attendre 1 ou 4 heures !
D’où les veilles d’audiences, de multiples demandes de renvois, effectuées par l’avocat de la partie adverse, ou par le juge quand il est malade, ou pour de multiples raisons, toutes aussi mauvaises les unes que les autres, car chaque renvoi c’est 3 à 9 mois de report !.
Et pendant ce retard là, l’usager supporte encore plus longtemps : pension, indemnité d’occupation, temps (payant) de l’avocat, etc.
Comment prendre le premier rendez vous ?
Quand vous sollicitez un rendez vous avec un médecin, vous ne racontez pas votre maladie au secrétariat. Cela peut vous faire sourire, mais en juridique c’est souvent comme ça !
Bien des personnes veulent exposer leur cas au téléphone, obtenir des appréciations et ne parler qu’à l’avocat alors qu’elles ne sont pas encore clientes : que penseriez vous d’un médecin qui, à des inconnus, indiquerait des traitements par téléphone ?.
Donc, quand vous prenez le premier rendez vous vous indiquez que c’est pour un cas de divorce. Pour le reste, vous verrez quand vous serez sur place. Car, avant de le recruter, il faut le rencontrer pour voir s’il vous donne l’impression d’être un bon technicien des lois, un bon tacticien de la procédure et un bon « commercial » capable de vendre votre cas : simple ou difficile au tribunal ! Avec un avocat, c’est une cohabitation de 9 à 18 mois à laquelle vous vous engagez. Il y a déjà mésentente avec l’adversaire, si en plus il n’y a pas de contact intellectuel avec l’avocat, ce sera la galère pour vous !
Comment le motiver ?
Prenez conscience que l’avocat n’a pas que vous comme client pour assurer ses 35 heures/semaine. Il lui faut en portefeuille de commandes, plus de 70 procès moyens.
Qu’en plus 20 % des clients font 50 % de son chiffre d’affaires, 35 % font 30 % de son chiffre d’affaires (dont vous sûrement) et 55 % ne font que 10 % de son chiffre d’affaires. Mais sa marge financière est surtout dans les affaires de divorce, notamment s’il défend les intérêts de la créancière. D’où sa tendance à choyer les bons clients. et ensuite les clients sympathiques : il n’y a pas que l’argent qui compte.
Si dans un restaurant haut de gamme vous pouvez exiger qu’on vous verse la boisson, etc. dans un « ordinaire » les caprices ne sont pas de mise (n’oubliez pas d’indiquer votre Téléphone dans tous vos courriers).
Donc, soyez convivial. et préparez votre dossier afin que vos rendez vous soient des réunions de travail et nullement de psy !. et à 4 euros la minute X 60 = 240 € / heure plus TVA, mieux vaut faire du constructif que bavarder.
Vous préparez sur un papier votre liste de questions à lui poser, vos documents photocopiés, car un original peut s’égarer. Vous avez votre dossier dans un classeur, avec des séparations :
1) les griefs.
2) les enfants.
3) l’argent réclamé au conjoint : les pensions, la prestation compensatoire, les frais d’avocat, les dommages et intérêts, etc.
4) le patrimoine commun : la date d’effet, l’attribution préférentielle, la jouissance gratuite, etc.
5) la perte du nom, des donations, etc.
Ces 5 grands chapitres sont subdivisés par numéro d’article du code civil. Si vous travaillez votre dossier, vous verrez qu’il en sera plus motivé, car rien n’est plus lassant que des clients qui se conduisent en assisté (ou en imbécile).
Dites lui aussi merci de temps en temps, car cela « irrite » de ne pas recevoir un remerciement quand on en mérite !. Même si votre conjoint vous a mené la vie dure, réapprenez la convivialité et la politesse. Cela incite les autres à vous aider !
Et parlez lui comme à un juge, cela fixe entrevous une frontière entre vos obligations et les siennes. Cela vous entraîne pour les audiences. L’avocat est un prestataire payant de services, pas un copain, ni un larbin !.
Il peut y avoir un Bonus au mérite. Exemple : baisse de 20 % sur la facture des heures, mais bonus de 20 % appliqué entre ce que propose l’adversaire et ce que l’on obtiendra pour vous. Si baisse de 30 % ? bonus de 30 %, etc. Cela motive !
Comment lui écrire ?
Prenez également conscience que chaque jour il reçoit environ 5 à 20 courriers, car il n’y a pas que vous qui lui écrivez : autres clients, juges, confrères, factures, revues, etc. .
Si votre lettre fait plus de 2 pages, il va sûrement la remettre à plus tard, car chaque page nécessite : 5 minutes pour la lire, 5 minutes pour y réfléchir, 5 minutes pour le classement, photocopies, etc.
Quant à répondre par courrier c’est 1 à 3 heures la page. Faites le test. Il est courant de recevoir des courriers de particulier de 6, 8, 15 pages et parfois des pavés de 50 à 150 pages quand il y a des conclusions jointes !. Car en France la manie (ou thérapie) c’est d’écrire épais !.
Donc, pour que votre courrier puisse avoir de l’effet : d’abord il doit être court : une page pas plus. Vous aurez indiqué votre téléphone et la plage horaire à laquelle on a des chances de vous joindre ! Inutile de lancer un SOS si on n’arrive pas à vous joindre par téléphone, entre 2 audiences au Palais de Justice.
Le must de la politesse, quand on veut une réponse rapide est de joindre un chèque d’au moins 150 euros d’avance pour le travail que vous lui demandez ! Sinon attendez vous à une missive du type : Cher(e) client(e). suite à votre courrier du X Prenez rapidement contact avec mon secrétariat pour qu’il vous fixe un rendez vous. Dans cette attente, etc. et le rendez vous sera payant !
Comment lui téléphoner ?
Étant donné son emploi du temps, le joindre au téléphone est un exploit !. Il est au Palais, en expertise, en rendez vous, en déplacement, etc. Donc laissez à son secrétariat ou répondeur : votre nom, votre numéro de dossier, votre question, votre téléphone et la plage horaire à laquelle il peut vous joindre.
Certains avocats bloquent une heure par jour, parfois tôt le matin, pour répondre aux appels de la journée. Mais gare à vous si votre appel était sans fondement d’urgence : il n’est pas un SOS-Anxiété. La prochaine fois, vous risquez de ne pas être rappelé. Il est aussi à noter que les entretiens téléphoniques, comme les entretiens de visu, sont facturables : avec un minimum de 30 minutes !
Les honoraires ?
Là, c’est la nébuleuse !. Quand ce sont des cas de séparation par consentement mutuel : à l’amiable, il peut y avoir un forfait, mais avec des conditions et obligations associées du client et de l’avocat. La formule de l’assoc. c’est souvent 1500 €.
Pour les cas conflictuels, c’est souvent au temps passé, mais quelles sont les heures facturables et celles qui ne le sont pas ? Attente aux audiences ?, trajets au Palais ?, établissement des factures ?, etc. Et si elles incluent ou pas le temps du secrétariat, les copies, timbres, fournitures , etc.
Si le garagiste est à 85 euros/heure, plus la marge sur les fournitures, les coiffeurs 25 euros/20 minutes, les médecins 25 euros/20 minutes (mais ils ont moins de frais de fonctionnement, ni d’aide judiciaire), les agences immobilières env. 7 % de la vente, etc. Il est malheureusement courant pour les avocats d’avoir des tarifs horaires de 100 € pour l’avocat + le secrétariat à 50 euros + frais généraux fixes à 30 euros, soit environ 170 à 300 euros selon standing des locaux + plus TVA.
Mais c’est souvent 200/ 250 euros/heure plus TVA. Ce qui équivaut 1 à 3 journées de salaire de classe moyenne pour une heure d’avocat !.
A vous de gérer le temps pour ne pas dépasser 10 % des gains espérés. Selon les conflits, le temps à prévoir est :
- Pour les griefs : 3 à 8 heures
- Les enfants : 3 à 8 heures
- L’argent réclamé et prestation compensatoire : 4 à 16 heures
- Le patrimoine : 4 à 8 heures
- Autres : 1 à 3 heures par chose
Soit 20 heures environ pour un cas ordinaire étalé sur 1,5 an où les 2 conjoints ont des revenus 2/3 1/3, 2 adolescents et une habitation de 200 000 euros à partager, etc.
Conclusion
Ceci n’est que l’élémentaire ! mais vous aurez compris comme pour bien des prestataires, artisans, ou vos enfants, qu’il va vous falloir faire partiellement confiance, pousser, tirer, motiver, etc.
Pour que votre avocat se mette à défendre vos finances au lieu de faire acte de présence. Car entre ceux qui font ce métier parce qu’ailleurs on ne veut d’eux comme salarié, ou par frime, ou les malfaisants pensant y faire des gains rapides et sans effort. Il y a de plus en plus d’avocats alors que le nombre de procès est stable et ceux qui sont sérieux, travailleurs, ont des idées, du talent et veulent gagner chaque « combat »
Il est parfois difficile de faire coïncider les avocats sérieux avec les clients sérieux ! Certains veulent facturer très cher, même pour des résultats très ordinaires, voire en dessous; et d’autres veulent que cela soit gratuit et en plus être pouponnés !